Immigration et vote Front national en avril 2012 : un peu de démographie.

Différentes analyses ont cherché à l’aide de sondages ou d’enquêtes à « cerner » l’électorat du Front national, qui a rassemblé 17,9% des suffrages exprimés au premier tour des élections présidentielles en France, le 22 avril 2012. Un article publié dans le « Grand Soir » donne quelques éléments intéressants.
Cette analyse est confirmée par les résultats de Marseille (quartiers nord – 15ème et 16ème arrondissements – et du centre ville).

Ce sont ceux qu’on retrouve un peu partout ailleurs : l’électorat de l’extrême-droite est plus masculin que féminin, il est plus important chez les artisans-commerçants et les ouvriers, il est très légèrement moins riche que la moyenne nationale. Il est surtout moins diplômé.
Sa préoccupation majeure est l’immigration : pour 62% de ses électeurs contre 24% toutes tendances confondues (source : IPSOS).
Que l’électorat du Front national soit nationaliste et même ethniciste, c’est là une évidence, qui est le cœur du problème.

En revanche, il est une donnée qui est quasi-absente des articles de ces derniers jours, c’est le lien entre le vote pour le Front national et l’immigration réelle.
À ma connaissance, seule Judith Bernard du site Arrêt sur images a substitué une « France qui fantasme » à cette « France qui souffre », identifiée par les politiques et les médias.
Je vous laisse juge de l’effet pervers de cette dernière définition, étant bien entendu que la France qui vote autre chose ou qui s’abstient n’a pas voix à la souffrance et ne conteste pas, pour cela même qu’elle ne donne pas de mauvaises raisons à ses problèmes.

Ceux qui s’intéressent aux raisons complexes de la peur de l’étranger pourront se reporter à ce grand classique d’Hervé Le Bras et Emmanuel Todd « L’invention de la France » (Paris, Gallimard, 1981, nouvelle édition complétée d’un chapitre en 2012).

Les autres se contenteront de ces quelques chiffres en n’oubliant pas que étymologie est claire : qu’il souffre ou qu’il fantasme, le xénophobe (celui qui a peur de l’étranger) est d’abord quelqu’un de malade. Et comme tout malade, il a besoin d’être soigné. La cure passe par un discours clair que chacun, enseignant, journaliste, politique ou simple citoyen, se doit d’avoir à cœur d’apporter.
Voici donc les cinq communes sur les quarante-deux de plus de 90 000 habitants où la population immigrée dépasse 20% de la population globale en 2008 (données de l’INSEE, on entend par immigré une personne née étrangère à l’étranger).

Saint-Denis 36,4 %
Montreuil 25,4 %
Argenteuil 24,7 %
Mulhouse 22,0 %
Paris 20,2 %

Voici maintenant les pourcentages du vote Front national au premier tour des élections présidentielles le 22 avril 2012 dans ces mêmes communes :

Saint-Denis 9,9%
Montreuil 9,3%
Argenteuil 14,8%
Mulhouse 17,5% (23,4% pour le département du Haut-Rhin)
Paris 6,2%

Le vote Front national de manière générale est moins important dans les grandes villes où se concentre la majorité de la population immigrée.
L’Île de France accueille à elle seule 40% de la population étrangère (source : INSEE). Toujours selon l’INSEE, un habitant d’Île-de-France sur huit est étranger. Or, en Île de France, le vote Front national s’élève à 12,3%.
Les chiffres des résultats sont consultables, région par région, département par département, ville par ville, sur le site du ministère de l’Intérieur.

Notons que, dans le Gard, le seul département français où le Front national arrive en tête avec 25,5% des suffrages exprimés, le taux d’immigration est très comparable à la moyenne nationale : 8,5 % contre 8,3% (Source : INSEE ici et là).

Deux autres exemples : à Hénin-Beaumont, commune où vote Marine Le Pen, le taux d’immigration est de 2,9% (Source : INSEE). Le Front national n’en est pas moins arrivé très largement en tête avec 35,5% des suffrages exprimés (Source : Ministère de l’Intérieur). À Marly-Gaumont (un village de l’Aisne), il en rassemble 29,4% -il faut croire que la musique n’adoucit pas les mœurs.

L’auteur de cet article habite dans le populaire vingtième arrondissement de Paris, où le taux d’immigration est de 21,7% et où il est fier de dire que seuls 6,94% des suffrages exprimés témoignent d’un rejet de l’étranger. Preuve s’il en est, ce sera la dernière, que l’ignorance est mère de bien des vices. On fait un excellent couscous en bas de chez moi.

Olivier Favier

4 réponses à “Immigration et vote Front national en avril 2012 : un peu de démographie.

  1. Cette semaine, faut donner un sérieux coup de main aux ps, ça urge !!! Contrairement à l’enfumage médiatique qui nous assure la victoire d’Hollande, je crois que c’est loin d’être gagné. Avec 80% des reports probables du FN et de Bayrou, faites les calculs : c’est presque déjà plié !!!

  2. Bon l’écart se ressere parait-il. Je veux pas être de mauvaise augure mais c’est mal barré pour Anaphore man ! Raison de plus pour qu’aucune voix de Fde G ne doit manquer; Attention à ceux qui veulent la peau du PS et qui vont voter blanc !! Les masos ça suffit !!!

  3. Ouf ! Hollande est passé (pas de beaucoup mais il est passé). 15% de ceux qui avaient voté Fde G n’ont pas reporté leur voix sur FH. Dommage, la victoire aurait été plus ample et surtout au lieu d’un soufflet ça aurait pu être une claque ! M’enfin, l’essentiel c’est d’avoir bouté hors du palais le seigneur et sa clique.

  4. Ce sont des comptes d’apothicaires pourris.

    Sans la discipline des électeurs du Front de Gauche (4 000 000 millions de voix) François Hollande était battu à plate couture….

    L’ensemble des électeurs du Front de Gauche ont voté François Hollande. C’est vrai en France. C’est vrai à Grasse où le front de Gauche, outre les appels nationaux, départementaux et locaux, a tiré un tract à 12 000 exemplaires pour appeler à voter sans ambiguïté pour François Hollande.

    Donc pas de faux procès, ni de mauvaise foi !

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